Procédures de sélection

Comment et par qui les programmes et partenariats sont sélectionnés ?

Pour pouvoir financer des programmes, il faut des moyens ! La récolte d’argent est donc le nerf de la guerre. Les membres du CNCD-11.11.11, qui est la coupole de près de 90 organisations, s’impliquent donc tous ensemble dans cette grande action. De très nombreux volontaires expriment leur solidarité et leur soutien en joignant leurs efforts pendant la période de l’Opération 11.11.11. A l’argent récolté dans la rue viennent s’ajouter deux autres importantes sources de fonds : d’une part, l’ensemble des dons reçus tout au long de l’année, notamment via des ordres permanents des donateurs les plus fidèles ; d’autre part, le « doublement » de Wallonie-Bruxelles international (WBI). En effet, cette institution publique s’est engagée depuis plusieurs années à doubler le montant de l’Opération 11.11.11. Ce qui signifie que pour un euro récolté en rue, un deuxième euro part dans le Sud grâce à l’appui des pouvoirs publics !

Trois programmes, un seul objectif

Une fois l’argent récolté, il ne reste plus qu’à le distribuer ?

Pas si vite ! L’Opération 11.11.11 n’est pas un distributeur de billets, mais un instrument pour lutter contre les inégalités au Sud et entre le Nord et le Sud. C’est pourquoi les membres du CNCD-11.11.11 ont décidé de répartir les fonds entre trois grands programmes, complémentaires entre eux, qui doivent contribuer à mettre en œuvre leur vision commune : le Programme « partenaires », qui finance les stratégies des organisations membres, et sur lequel la suite de cet article se concentrera ; le Programme « citoyenneté et démocratie », qui finance spécifiquement des réseaux et des coupoles du Sud, partant de l’idée que si on est plus fort en agissant ensemble ici en Belgique, alors on l’est aussi dans les pays en développement ; enfin, le Fonds permanent d’information, qui finance le travail de sensibilisation et d’interpellation ici en Belgique.

L’appel à candidatures

Au début du mois de décembre 2017, un appel a donc été lancé à l’ensemble des membres du CNCD-11.11.11 pour les inviter à envoyer leurs stratégies pluriannuelles (de 3-4-5 ans). Ils ont disposé pour ce faire d’un peu moins de deux mois. ONG, syndicats et autres associations de solidarité internationales ont donc envoyé leurs dossiers à la coupole pour la fin du mois de janvier. Au total, ce sont une trentaine de stratégies qui ont été analysées. Chaque année, il sera possible pour les autres membres du CNCD-11.11.11 de rejoindre le mouvement !

Après réception, ces dossiers font l’objet d’un premier traitement administratif par l’équipe des Programmes. Le but est de s’assurer que les documents fournis apportent les éléments nécessaires.

Des combats de pleins droits !

Pour juger de la qualité du dossier, autant s’entourer des meilleures compétences ! Le CNCD-11.11.11 dispose donc d’une équipe de consultants bénévoles qui viennent chaque année mettre leurs compétences au service de l’Opération. Professeurs d’université, anciens coopérants, chercheurs venus du Sud, experts issus d’ONG qui n’ont pas recours à l’Opération 11.11.11, toute cette équipe regroupe des compétences à la fois sur les différentes régions du monde et autour des principaux changements sociétaux attendus par les acteurs de la coopération : souveraineté alimentaire, travail décent, justice climatique, émancipation des jeunes, accès à la santé, égalité de genres, etc. Ils se répartissent en « collèges » qui analysent les dossiers en fonction de l’enjeu principal de chaque organisation.

Chaque consultant.e va recevoir un dossier complet. Il/Elle aura alors un mois pour préparer la sélection et juger de la qualité du dossier sur base d’une grille de critères définie par les organisations membres elles-mêmes. Il s’agit d’abord de vérifier la compatibilité de la stratégie avec la charte du CNCD-11.11.11 ; puis la qualité des partenariats, la pertinence du changement sociétal proposé dans le contexte donné et la qualité du dossier (même si les bailleurs publics se chargent déjà de cette tâche !).

L’Opération souhaite avant tout financer des stratégies qui visent à changer la société pour garantir les droits de toutes et tous ! Il s’agit donc de s’assurer que le partenaire du Sud est bien partie prenante dans le projet, en consultation étroite avec ses bénéficiaires, que ceux-ci sont accompagnés pour prendre en main eux-mêmes le combat pour faire reconnaître leurs droits.

Après cette longue phase d’analyse, les collèges de consultants se réunissent à la mi-mars et rencontrent chacune des organisations membres pour lui poser les questions qui restent en suspens. Sur base de cette rencontre, ils décident ensemble si, oui ou non, le dossier, est cohérent et compatible avec la Charte du CNCD-11.11.11. Que la décision soit positive ou négative, elle est toujours accompagnée de recommandations qui permettent à l’organisation d’envisager comment améliorer son action. Le but n’est en effet pas uniquement de cadenasser l’action des membres, mais aussi et surtout de leur permettre de mener une réflexion permanente sur leur manière de mener des projets.

Démocratie interne

Une fois remis l’avis des consultants, l’occasion est donnée à toute organisation qui verrait son dossier refusé d’émettre un recours auprès de la Commission des programmes, qui relève du Conseil d’administration (CA). Celle-ci peut décider, si le motif lui semble recevable, de réexaminer le dossier en rencontrant l’organisation, ainsi que le consultant principal qui a analysé le dossier. Elle soumet ensuite un avis final au CA, qui dispose du pouvoir de décision final, sous contrôle de l’Assemblée générale (AG). Au mois de mai, le processus se termine justement par une présentation à l’AG du tableau d’affectation de l’enveloppe récoltée. La sélection est terminée, les projets peuvent alors être mis en œuvre, pendant trois, quatre, voire cinq ans.

Chaque année, un rapportage minutieux est attendu pour le 31 octobre : il vise à s’assurer que les fonds octroyés sont dépensés utilement et dans le cadre des actions planifiées ; dans le respect de la charte et la responsabilisation des partenaires.