Le défi
La politique d’asile européenne n’en est en réalité pas vraiment une. En effet, le règlement de Dublin, sur lequel elle repose, stipule que la prise en charge des demandeurs d’asile est de la responsabilité du pays d’entrée sur le territoire européen. En conséquence, les pays méditerranéens comme la Grèce et l’Italie doivent assumer seuls l’examen des demandes d’asile – ce qui débouche sur de gigantesques « hot spots » dont certains ont été qualifiés de « camps de détention » par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés.
Non contente de maintenir les demandeurs d’asile à sa périphérie, l’UE cherche à externaliser ses frontières au-delà de la Méditerranée, via des accords avec la Turquie et les pays africains, financés dans le but d’accueillir des plates-formes de débarquement des migrants et réduire les flux migratoires vers l’UE. L’aide au développement européenne est ainsi de plus en plus mobilisée au service des politiques migratoires restrictives. Cela contribue à détourner une part croissante de l’aide européenne de l’Agenda 2030 de l’ONU pour la réalisation des Objectifs de développement durable – alors que les inégalités mondiales et la pauvreté représentent les principales causes des migrations économiques.
Pour les migrants, ces politiques restrictives nécessitent d’emprunter des voies toujours plus dangereuses. Non seulement cela enrichit le réseau des passeurs que l’UE prétend pourtant combattre, mais cela débouche en outre sur des milliers de morts et des violations graves des droits humains. C’est pourquoi il est nécessaire d’adopter une politique migratoire européenne respectueuse des droits humains et cohérente avec les Objectifs de développement durable.
33 000 personnes sont mortes en mer Méditerranée entre 2000 et 2017.
585 kilomètres de murs anti-migrants ont été construits en Europe depuis la chute du mur de Berlin .
L’alternative
Les migrations font partie intégrante de notre histoire et enrichissent depuis toujours notre développement. En ce sens, elles peuvent se transformer en expériences positives pour tous ; pays de départ, de transit et d’accueil confondus.
Ainsi, pour pouvoir renouer avec les valeurs fondatrices de nos Etats de droit, dont le respect de la dignité humaine, il est essentiel de remettre la justice migratoire au cœur de nos sociétés pour qu’elle puisse garantir la cohérence des politiques migratoires avec le développement durable.
La justice migratoire a pour fondement le respect des droits fondamentaux, l’égalité et la solidarité. Elle nous permet donc de concevoir les migrations sous un angle positif. La justice migratoire passe d’abord par des partenariats pour le développement durable, afin que tout être humain puisse vivre dignement là où il est né, mais aussi par l’ouverture de voies sûres et légales de migrations, ainsi que par des politiques d’intégration sociale et de lutte contre les discriminations dans les pays d’accueil, afin de rendre les politiques migratoires cohérentes avec les Objectifs de développement durable.
429 milliards de dollars ont été envoyés aux pays en voie de développement grâce aux migrants résidant dans les pays du Nord en 2016, soit 3 fois le montant de l’aide publique au développement mondiale !
3 milliards d’euros : c’est le montant de la contribution nette des immigrés au PIB de la Belgique.
Ce que nous faisons
- Sensibiliser
Le CNCD-11.11.11 et ses ONG membres proposent outils et animations pour aborder la justice migratoire auprès d’un large éventail de publics, de 7 à plus de 77 ans . Une mallette pédagogique visant les + de 15 ans et un livre pour les enfants en âge primaire sont notamment disponibles.
- Interpeller
Pour promouvoir la justice migratoire, le CNCD-11.11.11 et ses ONG membres mobilisent les citoyens et interpellent les responsables politiques, de la commune au niveau européen ! Vous pouvez nous soutenir en signant et en diffusant l’Initiative citoyenne européenne pour la justice migratoire. - Financer
Chaque année, les fonds récoltés par l’Opération 11.11.11 permettent de financer plusieurs dizaines de projets de développement dont plusieurs promeuvent la justice migratoire
Des avancées
- La campagne pour des « communes hospitalières » du CNCD-11.11.11 a permis de sensibiliser la société civile aux enjeux des migrations et d’inciter des dizaines de communes à s’engager pour plus de justice migratoire par le vote de motions. Celles-ci constituent un engagement à rendre plus accueillants l’arrivée et le séjour des personnes migrantes en simplifiant les procédures administratives, mais aussi en favorisant les moments d’échanges interculturels. En outre, en devenant hospitalières, les communes s’engagent à leur accorder des droits basiques tels que le droit au logement, à la santé et à l’éducation.
- La Fédération Wallonie-Bruxelles s’est déclarée « Fédération hospitalière » suite au vote d’une résolution parlementaire en mars 2018. Plusieurs universités et hautes écoles se sont également déclarées hospitalières.
- La Plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés mobilise en Belgique des milliers de citoyens qui apportent quotidiennement leur aide aux migrants et revendiquent une politique d’asile plus humaine.